C’est seulement après avoir effectué le parage fonctionnel que l’on peut s’occuper du traitement des lésions et effectuer le parage curatif. La mauvaise pratique consiste à se précipiter d’emblée sur une lésion apparente qui ne sera pas forcément la lésion principale responsable du problème. Le parage fonctionnel élimine de lui-même certaines vieilles lésions et lésions superficielles, et permet de visualiser la ou les lésions responsables de la boiterie.
Avant toute chose, il faut toujours tenir compte des signes cliniques de boiteries (soudaineté d’apparition, intensité de la boiterie, positionnement et soulagement des membres), signes qui orientent la recherche.
Le parage curatif a pour objectifs :
1/ d’éviter la pénétration des corps étrangers dans la lésion,
2/ de soulager l’onglon lésé en le mettant au repos.
Il faut éviter d’endommager les tissus plus qu’ils ne le sont déjà. Le travail se fait donc avec précision et avec du matériel parfaitement affûté.
Il faut savoir préserver la corne saine, en particulier la nouvelle corne et éviter de léser le pododerme donc arrêter de tailler dès qu’il y a trace de sang.
Autant que faire se peut, il faut respecter au maximum les surfaces d’appui aménagées par le parage fonctionnel : pour chaque cas, l’opérateur doit rechercher le meilleur compromis entre la bonne gestion de la lésion et la nécessité pour l’animal de pouvoir se déplacer, au mieux.
Après une intervention sur un animal boiteux, dans la plupart des cas, l’animal doit se trouver soulagé, mieux se tenir et se déplacer.
Elles suivent les 6 étapes du parage fonctionnel (consulter les 6 étapes).
Etape 7. Enlever toute la corne décollée et amincir les rebords de corne autour de la lésion.
Cette étape est réalisée de façon très évasée en laissant une possibilité de dégagement pour que les corps étrangers ne s’incrustent pas (ne pas créer d’entonnoir).
Etape 8. Diminuer ou supprimer l’appui de l’onglon malade.
L’objectif du parage fonctionnel qui était d’avoir “2 onglons à la même hauteur” est modifié : l’onglon sain est maintenu plus haut et l’onglon lésé abaissé davantage, en arrière de la sole et en talon, si possible. Attention à ne pas amincir en pince.
Si la suppression de l’appui est insuffisante, et en présence de lésions ouvertes graves sur le pododerme, il faut poser une talonnette sur l’onglon sain (voir « talonnettes »). Divers types de talonnettes existent sur le marché, en bois ou en caoutchouc, à coller ou à clouer.
En fonction des lésions, un pansement doit parfois être posé (voir « pansements »).
Remarques d’ordre général
Après examen et soins au pied responsable de la boiterie, il est indispensable d’examiner le pied du membre opposé : des atteintes similaires symétriques sont souvent présentes (ulcères/cerises, ouvertures de ligne blanche, seimes internes, seimes cerclées, etc.) et peuvent donc requérir un traitement préventif et/ou curatif.
Immobiliser l’animal pendant les 3 ou 4 jours qui suivent le parage curatif sur une litière confortable et propre peut être bénéfique, surtout quand plusieurs membres sont concernés ou que deux onglons d’un même membre sont atteints.
Eviter de passer les animaux ayant des plaies ouvertes dans un pédiluve.
Un animal ayant subi un parage curatif présente le plus souvent une amélioration immédiate qui doit se confirmer nettement en quelques jours. Si ce n’est pas le cas, il faut réexaminer les onglons rapidement.
Dans certains cas, les lésions sont profondes, en particulier quand apparaît du pus jaunâtre dans la plaie. Dans ce cas, il y a atteinte des tissus profonds : tendons, articulations, os. Le problème ne relève alors pas du pareur et concerne le vétérinaire qui doit, avec l’éleveur, envisager soit une réforme précoce, soit des soins plus lourds.
Découvrez deux cas concrets de parages curatifs dans la section « Pour aller plus loin »
Exemple de parage curatif : cas concret #1
La vache ci-contre a le postérieur droit légèrement tourné vers l’extérieur, le pied droit légèrement écarté et l’appui est soulagé. Ces éléments indiquent que l’animal boite du postérieur droit : il faut lever le pied pour en connaître la raison (en savoir plus sur le lever le pied).
Vache qui boite du postérieur droit : jarret droit légèrement tourné, pied droit légèrement écarté, appui soulagé.
Une fois le pied levé de manière adaptée, le parage fonctionnel est effectué. Il permet ici de détecter : une érosion de talons de gravité 2 sur le postérieur droit, une bleime circonscrite de gravité 1 et une ouverture de ligne blanche (gravité déterminée après parage curatif).
Erosion du talon (gravité de niveau 2)
A gauche : Bleime circonscrite (niveau de gravité 1)
A droite : Ouverture de la ligne blanche
3e étape : un parage curatif doit être effectué
A gauche : La corne dégradée par l’érosion dans le bulbe des talons est enlevée de façon bien évasée, sans pour autant casser la surface portante.
Au centre : Rien de plus n’est fait à la bleime circonscrite.
Le parage curatif fait découvrir une ouverture de la ligne blanche qui atteint le vif (niveau 3), cause ici de la boiterie. Toute la corne décolée a été enlevée délicatement pour ne pas abîmer le tissu.
Une suppression d’appui sur l’onglon atteint a été réalisée : l’onglon sain est maintenu et l’onglon lésé abaissé davantage, en arrière de la sole et en talon
Début du parage fonctionnel
Onglon externe plus haut que l’interne
Il faut donc ajuster les hauteurs
Fin du parage fonctionnel: hauteur du talon de l’onglon interne respectée
Onglons externe et interne de même hauteur
Après le parage fonctionnel, un ulcère de la sole de gravité 2 est découvert. Un parage curatif est donc effectué, puis la pose d’une talonnette.
Fin du parage curatif avant la pose de la talonnette. Ulcère de niveau 2 : l’ulcère a été dégagé en taillant de façon évasée sans créer d’entonnoir, permettant ainsi l’évacuation des matières vers l’espace interdigital.
Fin du parage curatif après la pose de la talonnette (ulcère de niveau 2)